5. Mercure
Mercure était fils de Jupiter et, par sa mère, petit-fils d’Atlas. Malgré ces ascendances colossales, il était petit et fluet, mais gracieux et bien proportionné. Il portait à ses pieds et à son chapeau des ailes qui lui permettaient de se déplacer avec une extrême rapidité aux quatre coins du monde. Son esprit était aussi vif que son corps. Éloquent, persuasif et menteur, il était le dieu des commerçants et celui des voleurs, ce qui, pour les Grecs de l’Antiquité comme pour beaucoup de Français d’aujourd’hui, revenait à peu près au même.
Enfant gâté de Jupiter, il se livra dans son enfance à de multiples espiègleries que son père lui pardonnait le plus souvent avec une indulgence amusée. Il commença, le jour même de sa naissance, par voler à Apollon un troupeau de bœufs auquel le dieu du soleil tenait particulièrement. Pour ne pas être découvert, Mercure avait eu l’idée de conduire les bœufs en les faisant marcher à reculons. Ainsi, nul ne songea à suivre des traces qui paraissaient mener à l’étable. Quelques jours plus tard, Mercure rendait les bœufs à Apollon et, pour se faire pardonner, lui faisait cadeau d’un instrument de musique qu’il avait lui-même construit à partir d’une carapace de tortue, et qui fut la première lyre.
Après le troupeau d’Apollon, Mercure s’amusa à dérober successivement le trident de Neptune, le char de Junon, l’arc de Diane et même le casque de Pluton, grâce auquel il se rendit longtemps invisible.
Jupiter s’amusait de ces bons tours, jusqu’au moment où il en fut lui-même la victime. Le jour où il constata la disparition de sa foudre, il se fâcha :
— Puisque tu as tant besoin de te dépenser, dit-il à Mercure, je vais te fournir de l’occupation : tu seras désormais mon messager attitré auprès des dieux et auprès des hommes.
C’est dans l’exercice de ces fonctions officielles qu’à partir de ce jour Mercure allait déployer son ingéniosité et ses talents oratoires.